Matisse
Natalia Brodskaya
Henri Matisse (Le Cateau-Cambrésis, 1869 – Nice, 1954) «Le fauvisme, c’est quand il y a du rouge », avait dit un jour Henri Matisse, exprimant ainsi brièvement sa compréhension de ce courant. Durant tout le XXe siècle, les contemporains du peintre et les chercheurs se sont tellement appliqués à lui attribuer le titre de chef de file du mouvement, que très souvent son art se trouva transformé en modèle où l’on devait puiser le plus exactement possible les traits les plus caractéristiques du fauvisme. Cependant, Matisse lui-même non seulement n’a jamais prétendu à ce rôle de chef de groupe, mais ne put jamais répondre à la question de ce que le courant représentait en réalité. En 1891, Matisse entra à l’académie Julian, gagnant simultanément sa vie en donnant des leçons de droit. En 1892, il abandonna les cours d’Adolphe William Bouguereau à l’Académie pour s’inscrire aux Beaux-Arts dans l’atelier de Gustave Moreau. C’est aux Beaux-Arts qu’il fit la connaissance de Marquet et le persuada de suivre son exemple et de venir le rejoindre chez Moreau. Peu à peu, une communauté de peintres se forma, communauté qui surmonta toutes les épreuves de la vie. Y prenaient part tout d’abord les trois «M » : Matisse, Marquet et Manguin, puis Rouault, Camoin et Valtat ; et enfin Friesz, qui fréquentait l’atelier de Léon Bonnat (séparé de celui de Moreau par un couloir), auquel Dufy vint se joindre plus tard. A partir de 1901, Matisse et ses amis figurèrent comme exposants au Salon des Indépendants ainsi que chez Berthe Weill. En 1903, ils participèrent à la création du Salon d’automne. En 1905, un seul regard de Vauxcelles, que celui-ci jeta sur leurs oeuvres exposées au Salon d’automne, suffit pour qu’apparaisse le terme de «fauves ». Le scandale du Salon d’automne de 1905 rendit Matisse célèbre. En 1917-1918, il fréquenta beaucoup Renoir, installé sur la Côte d’Azur, qui resta toujours pour lui un maître incontestable. La peinture de Matisse datant des années 1897-1901 révèle déjà l’assimilation des traditions de ses prédécesseurs, depuis les impressionnistes jusqu’à Cézanne, c’est-à-dire de tout ce qui devait être appris et compris en dehors des murs de l’école. Cette assimilation a commencé soit peu avant la mort de Gustave Moreau, soit tout de suite après que Matisse ait abandonné son atelier. Après avoir visité les deux expositions d’art musulman organisées à Paris en 1903 et à Munich en 1910, il trouva de quoi s’y inspirer. La première de ces deux expositions ainsi que les voyages que Matisse effectua en Afrique du Nord, apportèrent dans sa peinture des objets orientaux concrets plutôt que des innovations picturales. Le caractère décoratif de ces objets contribuait à rendre l’espace de ses tableaux plus plat et laconique. Toute une vie sépare ces dernières oeuvres de la jeunesse «fauve » de Matisse. Mais malgré tout, elles restent fidèles au fauvisme qui marqua ainsi toute la création du peintre et que lui-même a si bien défini comme le «courage de retrouver la pureté des moyens. »
Mostra libro